Comment Hodler s'est sorti de la misère grâce à la censure de son tableau "La Nuit"

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Derrière l'angélisme de son parallélisme chéri, Ferdinand Hodler était un sacré garnement! Découvrez la manière dont il a échappé à la censure et s'est joué des interdits pour atteindre la célébrité.

On le connaît aujourd'hui pour la pureté de ses traits et ses portraits arborant une barbe bien sage. En réalité, le peintre helvète était tout sauf tranquille.

Bourré d'ambitions dès son plus jeune âge mais sans le sou, il se rend à Genève à 18 ans, pour tenter sa chance dans cette ville d'artistes.

Là, il se fait vite remarqué. La Société des arts de Genève lui décerne de nombreux prix mais il ne parvient pas à parer les murs des plus célèbres centres culturels.

En 1891, il propose son fameux tableau La Nuit à l'Exposition municipale des beaux arts. Son oeuvre est immédiatement censurée par les autorités de la Ville, la jugeant obscène.

Hodler y figure en son centre, terrifié et accosté tant par la mort que par une attirante paire de fesses. Eros et Thanatos. 

C'est un coup dur pour le jeune artiste, qui continue à se frotter au mur de la bien-pensance de l'époque. Toujours aussi pauvre, il doit trouver le moyen de se faire connaître en dehors des sentiers battus.

C'est une question de survie, mais également d'honneur. A Langenthal, il lance à son professeur: "vous serez encore un stupide maître d’école quand je serai depuis longtemps un peintre célèbre." Il n'a pas le droit à l'erreur.

Broyant les doutes, ruminant les craintes, mais porté par l'insouciance de la jeunesse, Hodler ne démord pas et tente le tout pour le tout: exposer le tableau au Bâtiment électoral en faisant payer l'entrée. 1 franc suisse, une somme pour l'époque!

La censure joue cette fois en sa faveur, puisque la foule, curieuse, afflue. Ouf! L'esprit du peintre s'illumine et il se découvre fin pinceau, mais aussi fin stratège.

Le pactole lui suffit pour présenter La Nuit à Paris. Et là commence la consécration! A mille lieux de la monotonie helvète, son réalisme sans compromis s'attire les grâces de pointures telles que Puvis de Chavanne et Rodin.

De retour au pays, l'ambiance est au beau fixe. Quelque chose a changé. Surtout, Hodler comprend que c'est définitif. Tout le monde veut maintenant l'exposer.  Il y a un avant et un après Paris.

Créé le 21.03.2018 par Loris

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