Juan Martinez, peintre de l'intranquilité
Si elle n'est pas une peinture politique, elle induit les valeurs civiques chères à l'artiste.
“Je veux poétiser l’image. Je suis sensible aux images horribles que l’on nous montre, mais je ne pense pas que l’on sensibilise les gens avec cette démarche. Au contraire on les endort. Pour être efficace, j’enlève le côté immédiat de la tragédie, je m’éloigne un tout petit peu pour mieux la donner à comprendre. La simplification de l’image l’éloigne de l’horreur. Elle permet d’y réfléchir. ”
.... Grandi sous la chape franquiste, l’Andalou a contracté une inguérissable indignation contre toutes les oppressions. Pourtant, même ses figures traquées, entravées et bâillonnées des années 1970 n’ont jamais été d’un militant ni d’un moraliste, mais bien d’un philosophe et d’un poète dont l’unique langage est la peinture. En Espagne, ses premières études à Barcelone, le destinaient à la profession d’architecte. Arrivé en Suisse en 1960 pour y suivre les cours de l’Ecole cantonale des beaux-arts de Lausanne, il s’est fixé dans la campagne vaudoise. C’est là entre ses chats ses fleurs et son atelier partagé avec ses poètes et ses philosophes de chevet (Octavio Paz, Carlo Fuentes, Paul Celan, Walter Benjamin, Hannah Arendt, Nietzsche, Saint-Jean de la Croix...) et ses peintres de sang plus que d’inspiration formelle (Zurbarán, Goya, Tàpies...) que nait son théâtre existentiel.
... Comment s’étonner si Nietzsche ... obsède l’artiste quand il met en mots son regard sur le monde : « Je suis à la fois habité par une foi immense et par un doute immense. Je crois que la certitude, c’est la fin de la pensée. Et je crains toujours qu’un système que nous contribuons à bâtir finisse par nous détruire. » * Françoise Jaunin (extrait *)
*Agora des mille JUAN MARTINEZ , Till Schaap Edition 2017
Textes de Françoise Jaunin, Pierre Starobinsky, José-Flore Tappy