Cette Question qui vous Brûle les Lèvres

Image : Marc Buchy, Naevus, 2014 ; Design :  Guillaume Mojon
Manifestation terminée

Vernissage le 12.4, 18h30 Exposition du 13.4 au 19.5 Lecture-performances le 11.5, 14h

Avec la participation de:

Brigham Baker,  Franziska Baumgartner,  Samantha Bohatsch,  Marc Buchy, Alison Darby, Clémence de La Tour du Pin , Marta Djourina, Neha Kudchadkar, Sidsel Ladegaard, Sara Petrucci, Jacques Henri Sennwald, Simon W Marin

Curation par Marie DuPasquier avec Jacques-Henri Sennwald et l’équipe du CAN




Pour cette deuxième exposition de l’année, le CAN a souhaité inviter Marie DuPasquier, curatice indépendante et directrice de l’espace d’art DISPLAY à Berlin depuis 2015, à poursuivre le projet de recherche sur les zones de contact. Par cette invitation, le CAN ouvre une collaboration génératice de nouvelles situations, engageant des positions multiples dans les réflexions menées par l’équipe du centre d’art.

Cette Question qui vous Brûle les Lèvres


“Thoughts experiments are material matters”(1)

Brûlez-vous le bout des doigts et quiconque dans cette région neuchâteloise et jurassienne vous recommandera d’appeler la personne qui vous guérira à distance. Le secret. Vous ajouterez ainsi cette pensée aux multiples crèmes et onguents appliqués à la blessure et avec un peu de chance celle-ci disparaîtra dans un élan de régénération accélérée.

Crèmes solaires ou régénératrices, combinées à la sueur salée, aux graisses, pelages, carapaces et autres habitacles, s’ajoutent à cet protection primaire que nous reconnaissons comme peau ; autant d’étoffes extérieures produites ou ajoutées aux multiples strates internes. Souvent considérée comme enveloppe protectrice des organes, mucus et humeurs, elle est elle-même vulnérable. Son apparente opacité a suscité de nombreuses fascinations et l’appel de la transparence, comme l’exemplifient les essais fructueux du Dr. Roentgen pour défier la membrane et accéder via x-rays aux profondeurs humaines. Si elle se régénère dans un flux continu de composition et décomposition, elle porte nos empreintes au bout des lèvres et des doigts. Elle stocke nos cicatrices et autres trauma, nos pensées et désirs auxquels nous ajoutons volontiers tatouages, piercings, puces électroniques, dans une aspiration incessante de malléabilité. Dermographia. L’épiderme est un lieu de stockage, une base de données virtuelles, symboliques et physique ; une surface sur laquelle et avec laquelle nous écrivons. D’une surface de protection qui opère en tant que marqueur d’identité, elle préserve et transmet nos propres vestiges et ceux de générations. Elle devient surface de projection. Aplanis comme un écran, les 1,7m2 moyens de notre BSA (2) prennent la mesure du monde. Siège d’échanges et de transferts de matières, la peau nous permet de partager et de nous mouvoir, de nous engager vers l’extérieur vers la multiplicité d’autres. Elle est une interface sensible, une plateforme pour accueillir et engendrer les relations, qui de manière corrélative déterminent son individualité. Première zone de contact, elle est simultanément zone de partage et de ralliement. 

« Cette Question qui vous Brûle les Lèvres » ouvre un passage à travers la zone de contact. Partant de la chair, surface et interface sensible, la focale s’éloigne petit à petit de ses tissus pour s’étendre à ses couches successives imperceptibles. L’air saturé d’un espace partagé, les particules, les forces électromagnétiques, les signaux radio gigahertz, mais aussi l’essence et autres émanations ou la translucidité. Sont-ils les relais ou partie de nos pensées et de nos actes ? L’humidité du souffle, la chaleur emmagasinée et dégagée, des réminiscences de contes à raconter ou les pensées faisant rougir les joues. Sont-ils autant de points de jonction, d’intermèdes du toucher ou de décalages de nos communications ? Comment les particules se sentent-elles ? Avec les électrons, l’attraction commence-t-elle par la répulsion ? Que touche-t-on lorsque notre main touche la buée sur une vitre, serre la main ou utilise l’outil poli par autant de saisies? L’exposition opère un glissement vers des frontières plus flottantes de l’épiderme et réévalue ses limites tangibles en ouvrant une série de réflexions sur les dichotomies profondeur/surface, esprit/corps, intérieur/extérieur, soi/autre, animé/inanimé, organique et inorganique. Partant de l’échelle humaine dans son rapport à l’espace et aux autres, elle s’ouvre sur la fluidité des corps agissants sans considérer les lignes de partage strictes entre les êtres, les choses et les environnements. 

Formulée sur la base d’une lettre ouverte, à écritures multiples avec les douze artistes, auteurs et artistes en résidence, l’exposition s’adresse à un potentiel interlocuteur à venir, peut-être fantasmé. De manière synesthésique, elle esquisse et tisse des correspondances de pensées, de sens et de matières entre les oeuvres présentes. Elles laissent des traces de ce rapport dans et au monde, comme des « traînes de questions » (3) comme celle qui vous brûle les lèvres. 


Extraits du texte d’exposition, Marie DuPasquier


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(1) Barad, Karen, On Touching – the Inhuman therefore I am, 2012

(2) Body Surface Area

(3) Didi-Hubermann, Georges, émission Par les temps qui courent, France Culture, 20.03.2018

Entrée gratuite
Age conseillé
0 à 5 ans, 6 à 12 ans, Adultes, Seniors
Date de fin
11.05.2019
sam. 11 mai 2019
14:00

Lecture-performances - CAN Centre d'art Neuchâtel

Rue des Moulins 37
2000 Neuchâtel

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Tarifs

Contact / Réservation
Numéro de Téléphone
+41 32 724 01 60

Dates

Coups de coeur du mois Publi-information

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