Verbier Festival : WINTERREISE / GOERNE / LUGANSKY
Matthias Goerne nous guide avec Nikolaï Lugansky dans les contrées froides et sombres du Winterreise de Schubert.
« Venez chez Schober aujourd'hui, et je vous chanterai un cycle de mélodies horribles. J'ai hâte de savoir ce que vous en dites. Elles m'ont demandé plus d'efforts que toutes mes autres chansons ». Schubert a donc présenté à son cercle le Winterreise, un cycle de 24 poèmes de Wilhelm Müller, achevé l'année précédant sa mort en 1828 à l'âge de 31 ans. Dans sa sombre illustration de la marche nocturne et solitaire d'un amant rejeté à travers un paysage de neige, il constitue la représentation ultime de l’angoisse de Schubert pour la mort et la solitude, traduite en lied. Gute Nacht ouvre le décor, ses figures répétitives représentant l'engourdissement de l'homme. Der Lindenbaum offre une brève accalmie, qui évoque les temps plus heureux sur une transformation profonde de la « Erstarrung » (pétrification) précédente. L’histoire se termine néanmoins sur une note sombre avec « Der Leiermann », dans lequel il envisage de poursuivre ses pérégrinations aux côtés d'un mendiant jouant de la vielle à roue, qu'il voit se tenir pieds nus sur la glace.