STRANGE 2

Photographies d’Andrei Dragoi & Jean Scheim

Strange 2 Photographies d’Andrei Dragoi & Jean Scheim A la galerie Black and White de Lutry Du 1er octobre au 30 novembre 2021

Après une première exposition intitulée Strange 1 en 2016, du 1er octobre au 30 octobre 2021 la galerie Black & White accueille à nouveau deux artistes complices, Jean Scheim et Andreï Dragoï pour une exposition exceptionnelle de 19 photos de grande dimension en Noir et blanc encadrée en cadre ALPHA Nielsen verre UV Flatberg PP Alpha Rag sous le titre Strange 2. 

À l’origine, un défi lancé de l’un à l’autre : photographier les même sujets tout en révélant l’originalité du regard personnel de chaque artiste. Mais à mesure que le temps passe, que chacun est interpelé de son côté et qu’advient la pandémie, l’intention initiale bifurque, évolue, le jeu des correspondances d’un artiste à l’autre se fait plus subtil, plus inattendu. Les dés sont lancés sans aucune certitude qu’un doublé se révèle. Et aujourd’hui, ils proposent, ensemble, leurs deux regards unis et de multiples sujets. Des cols de montagne du cœur de la Suisse aux faubourgs de Djakarta, d’Istamboul à Bombay, nos deux photographes nous invitent au voyage, à cette étrangeté qu’ils aiment et savent cultiver autant dans leurs clichés que dans leur mode de vie.

Ce qui demeure commun ? C’est d’abord un amour partagé du noir et blanc — si pauvrement nommé dès lors qu’on considère ces infinies nuances possibles dans la gamme chromatique du pur noir au blanc pur. C’est aussi le goût pour la représentation de l’immensité, du vide creux des montagnes au vide surencombré des villes d’Asie. C’est la conscience de la solitude, qu’elle soit urbaine ou se vive au sein de la nature presque vierge; une forme de brutalité aussi, tant dans les paysages naturels de Jean Scheim que dans les accumulations urbaines et industrielles d’Andreï Dragoï; la fascination pour les enchevêtrements, d’échafaudage, de véhicules ou de grues chez Dragoï, de branches, de nuages ou de crevasses chez Scheim. Ce qui se joue : une certaine indifférence face à leur destin chez les femmes, les hommes et les enfants saisis par Andreï Dragoï, face à leur écrasante grandeur du côté des paysages retenus par Jean Scheim; l’humanité déshumanisée des villes et l’inhumanité indifférente de la nature — au regard de chaque visiteur de tisser à son tour d’autres liens insoupçonnés.

 Ainsi, l’étrangeté annoncée ne se situe pas tant dans les sujets des prises de vue, mais bien plutôt dans les improbables et remarquables correspondances émotionnelles qui unissent entre elles chacune de ces photos, quelles émanent de la sensibilité de l’un ou de l’autre. Pour autant, une ultime constante est palpable dans l’œil et le cœur de ces deux artistes: la prééminence du ciel. Qu’il soit brouillé, pur, encombré, ennuagé, le ciel au-dessus de tout, c’est la porte ouverte à l’onirisme, la douce fuite, l’élévation par-delà le réel — quel qu’il soit.

La galerie est ouverte du mardi au vendredi de 10 à 12 h et de 14 à 18 h, le samedi de 10 à 12 h et de 13 à 15 h. Possibilité de parcage à la gare CFF de Lutry. 

 Denis Lavalou