Le Livre d'image
Au sein de l'installation fx(cinéma), le nouveau film de Jean-Luc Godard qu’il a choisi de présenter dans un théâtre. Un film composé à partir d’images prises dans la mémoire vidéo du cinéma ou sur internet et qui parcourt les ruines du XXe siècle.
Jean-Luc Godard a choisi de dévoiler, après sa présentation en compétition au Festival de Cannes, son nouveau film Le Livre d’image, dans un dispositif cinématographique intitulé ƒx(cinéma), chambre théâtrale où se mont(r)e le film. Installé dans une petite salle du Théâtre Vidy-Lausanne, il donne à voir une mémoire de cinéma, une mémoire fragile mais qui vibre encore, au fond de cette chambre, sur un téléviseur, avec deux enceintes de son séparées.
Le Livre d’image est un film en cinq chapitres comme les cinq doigts dela main, composé à partir d’images prises dans la mémoire vidéo du cinéma. Jean-Luc Godard en sature les couleurs, organise successions et surimpressions, décalages ou variations de formats et de rythmes. Il les redouble de sa voix, de sons, de textes lus et de musiques, souvent en décalé – comme on se construit une maison avec les ruines d’un château - en adaptant les formes et jouant des contrastes. Il parcourt alors les grandes données de l’histoire humaine qui ont traversé ses films: la guerre, la loi, l’autre, l’ailleurs, le couple, l’impossible innocence, le langage.
Il y a vingt ans, il présentait le dernier épisode de Histoire(s) du cinéma. La vidéo, comme "cimetière du cinéma", permettait l’exploration de l’histoire du septième art et de ses mutations. Le Livre d’image reprend les mêmes éléments pour regarder cette fois "un siècle finir dans le suivant": notre présent décrit par la mémoire du cinéma.
Dans une société saturée d’images, Jean-Luc Godard fait évoluer le cinéma dans sa forme et dans sa présentation, poursuivant une des ambitions de cet art les plus accomplies: être une pensée par l’image et une image de la pensée. Poème cinématographique d’une mélancolie historique et non intemporelle, et entretenant l’espérance d’un changement malgré les déceptions, Le Livre d’image est le fruit d’une exploration patiente et libre des possibles d’un cinéma qui refléterait le monde et continuerait à se réinventer.
