Love is a river
Alexandre Doublet s’inspire de Platonov, mais il commence par la fin, à la mort de l’antihéros d’Anton Tchekhov. Dans les secondes qui suivent le drame, quatre de ses proches retraversent l’imprévisible constellation de non-dits, frustrations et mens
Juste après le crime. Trois femmes et un homme devant le corps inanimé d’un homme allongé dans un salon bourgeois suranné, décoré de trophées de chasse, fusils et bouteilles. Nous sommes après l’amour, après la fête. Alexandre Doublet orchestre ce qui traverse leurs esprits bouleversés, il prolonge ce qui se joue dans les instants après cette disparition. Chacun s’adresse à l’absent, lui confie son affection, lui avoue ses pensées secrètes. Et peu à peu se révèle comme jamais auparavant l’étourdissant jeu d’amours et de douleurs qui entourait cet homme.
Alexandre Doublet s’inspire de Platonov d’Anton Tchekhov, mais il commence par la fin, à la mort de l’anti-héros du texte de l’auteur russe. Il ne garde que cinq personnages, les plus proches de lui, et remonte avec eux l’imprévisible constellation des non-dits, frustrations et mensonges qui fondent ce drame. Y a-t-il un responsable ? Qui le premier a jeté la pierre ? Qui le premier a, par négligence ou manque de courage, laissé s’évaporer le bonheur ?
En inversant le sens de la narration, Love is a river donne à entendre tout autrement les ressorts de la tragédie de la lâcheté racontée par Tchekhov. Entendre en effet, car sur la scène du crime tout est silencieux. Les personnages sont frappés par un état de stupeur ou d’hébétude, comme en suspension. Leurs pensées se donnent à entendre hors d’eux-mêmes, en voix off, comme un cinéma pour l’oreille qui permet une plongée dans leurs esprits bouleversés.
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