Laboratoire Poison
Laboratoire Poison est un lieu d’observation, où l’on joue à se demander quel visage, quel détail, quel effet sonore ou lumineux exercerait une influence décisive sur notre disposition à excuser un fait de trahison.
Quels sont les mécanismes de la représentation et de la répression des mouvements de résistance ? En quatre parties, Adeline Rosenstein et son équipe s'engagent dans une vaste et passionnante enquête documentaire sur les figures du héros et du traître, du sort de résistant·e·s belges après-guerre aux luttes décoloniales. Le théâtre devient un formidable espace de jeu critique, entretenu ici par un humour constant.
La première partie de ce chantier documentaire, le Laboratoire Poison 1, part de documents rédigés par des résistants communistes belges après leur retour de camps de concentration sur leur comportement en détention et sous la torture. Les Laboratoires Poison 2 et 3 suivent les parcours d’anciens résistants de gauche dix ans plus tard, face aux luttes pour l’indépendance de différents pays colonisés par la France (en Algérie, Laboratoire Poison 2), et la Belgique (au Congo, Laboratoire Poison 3).
Laboratoire Poison 4, également appelé Antipoison, conclut l'ensemble et est construit comme un contre-exemple à ce que nous avions pratiqué jusque-là. Nous ne nous contentons pas d’énoncer le manque de personnages historiques féminins dans le spectacle jusque-là, nous nous demandons concrètement, si nous voulions par exemple parler du PAIGC, le mouvement de résistance au colonialisme portugais pour la libération du Cap Vert et de la Guinée-Bissau, comment nous ferions, « cette fois-ci », pour y inclure l’action des femmes. L’histoire de la fin du colonialisme portugais en Afrique nous invite à reprendre depuis le début de la dictature salazariste au Portugal, l’Estado Novo, et cela nous permet de « revoir passer » antifascisme, libération du nazisme, révolution algérienne ou indépendance du Congo. De plus, nous pouvons nous baser sur d’autres types de documents, issus d’un mouvement de résistance dont il est possible de rencontrer des témoins vivantes.
Il arrive qu’un groupe minoritaire refuse de se soumettre à un système qui exerce une violence sur lui. Lorsque ce groupe s’organise clandestinement, il doit faire face au soupçon de trahison. C’est l’amitié qui est alors attaquée.
Car à qui pardonne-t-on une faiblesse ? À qui tient-on de grands discours ? Peut-on exposer les erreurs d’un mouvement de résistance sans le prendre de haut ? Et quand le réel sombre dans un excès de théâtralité, que faire de la tentation de censurer ?
À la circulation des techniques de répression correspond celle des images des mouvements de libération dont nous avons hérité et que le théâtre, refusant la posture d’expertise, permet d’articuler avec les questions du présent. Ce laboratoire se veut non seulement un observatoire théâtral des pièges tendus par la répression – dans lesquels nous pouvons encore tomber – mais aussi un hommage aux luttes pour la liberté.
Texte de la compagnie
Théâtre de Vidy
Salle Charles Apothéloz
Av. E.-Jacques Dalcroze 5
1007 Lausanne
Vidy à ton prix
Choisissez en fonction de vos possibilités.
10.-*/15.-/20.-/25.-/30.-/40.- CHF
*Moins de 26 ans
Tarif suggéré pour ce spectacle 25.-