Quand le Diable s’invite au cinéma

Spectacles > Septième art

De monstre anthropomorphe à gendre - presque - idéal, la figure du Diable connaît depuis plusieurs années une évolution considérable au cinéma. Découvrez, à travers 4 œuvres cinématographiques, comment Lucifer a appris à se faire aimer du grand public. 



Incarnation du Mal absolu, il fascine autant qu’il dérange. Satan, Lucifer ou Méphistophélès, le Diable ne se contente pas d’un unique nom. Du monstre anthropomorphe au gentleman séduisant, ses multiples visages déroutent et, sournois, il en profite pour corrompre l’âme des plus faibles.

Accompagné de ses trois fidèles amies, la subornation, la luxure et la violence, le Diable ne cesse d’inspirer le monde du 7ème art. Et c’est loin de nous déplaire ! Jonglant entre les films d’horreur, les thrillers psychologiques et les comédies – presque – romantiques, Lucifer a bien évolué depuis ses débuts sur le grand écran.

À travers 4 œuvres cinématographiques, retraçons l’évolution du Diable au cinéma. L’occasion de – peut-être – céder à la tentation d’un binge-watching infernal.


1) Faust, une légende allemande de Friedrich Wilhelm Murnau (1926)

nom de l'image

Désabusé par l’impuissance de son art face à une épidémie de peste, Faust se détourne de Dieu et fait un pacte avec Méphistophélès. Celui-ci lui offre de prodigieux pouvoirs de guérison accompagnés d’une jeunesse nouvelle en échange de son âme. Aveuglé par cette proposition alléchante, le scientifique accepte et signe de son sang cet accord avec le Malin. Il découvrira bientôt les conséquences qu’engendrent une alliance avec l’ange déchu.

En 1926, Murnau revisite avec talent ce conte d’origine allemande. Passionné par l’art et notamment par Rembrandt, le réalisateur s’inspire des œuvres du maître du clair-obscur et offre à « Faust, une légende allemande » une esthétique mémorable.

Comme à l’accoutumée dans les films du début du XXème siècle, le Diable apparaît dès les premières scènes. Véritable caméléon, il est présenté au spectateur sous trois formes différentes. Nous retiendrons ses yeux démoniaques et scintillants qui le trahissent lorsqu’il tente de se faire passer pour un mendiant et la noirceur de son manteau de soie qui contraste terriblement avec celui de l’Archange, d’une blancheur flamboyante. Ce jeu de contraste rappelle le style singulier de Rembrandt.

Enfin, le Diable de Murnau n’échappe pas aux clichés qui entourent cette figure mythique : il est affublé de ses incontournables cornes et d'une paire d'ailes.

2) Rosemary’s Baby de Roman Polanski (1968)

nom de l'image

À la fin des années 60, l’engouement autour de la figure du Diable s’est essoufflé. Ce personnage a été trop vu et surtout trop caricaturé. Le cinéphile, fatigué de voir Lucifer évoluer dans un Moyen-Âge hypothétique, ne ressent plus aucun frisson.

Il faut attendre la sortie de « Rosemary’s Baby », en 1968, pour que ses lettres de noblesse lui soient rendues. Renouvelant le genre, Polanski inscrit le Diable dans une réalité contemporaine qui trouble et angoisse.

Effrayant, « Rosemary’s Baby » exploite une nouvelle facette du Malin. Plus subtile, ce dernier n’apparaît pas en grande pompe dès les premières secondes du film. En réalité, il n’apparaît pas du tout. Uniquement mentionné, sa présence semble pourtant palpable pour Rosemary. La femme au foyer est en effet persuadée d’avoir été abusée par la créature démoniaque. Cette dernière serait par ailleurs à l’origine de sa grossesse. Torturée par des cauchemars oniriques, Rosemary sombre peu à peu dans une paranoïa contagieuse tandis que son mari et ses voisins contribuent à sa psychose.

Habile marionnettiste, Polanski sème la confusion dans l’esprit du spectateur qui parvient difficilement à démêler le vrai du faux, le cauchemar de la réalité, la paranoïa du véritable complot démoniaque.

3) Constantine de Francis Lawrence (2005)

nom de l'image

Promis à la damnation éternelle l’occultiste John Constantine consacre sa vie à l’exorcisme, espérant ainsi pouvoir rembourser sa dette et échapper à son destin. À contre-cœur, il s’associe à la policière Angela Dodson et enquête sur le suicide de la jumelle de cette dernière. Leur investigation les mènera au cœur de l’enfer, où des secrets célestes leur seront dévoilés.

Une fois de plus, la mythologie chrétienne est mise aux goûts du jour et intègre à merveille notre réalité contemporaine. Alors que les personnages principaux évoluent entre l’enfer et Los Angeles, ils ne rencontreront le roi des enfers que brièvement à la fin de leurs pérégrinations. Mais quelle rencontre ! Charismatique, ce Diable en costard blanc arbore un sourire terrifiant. Francis Lawrence tente d'humaniser son Diable en lui faisant abandonner ses ailes, ses cornes et son look Moyenâgeux. Malgré son apparence humaine, ce Lucifer dérange et on a conscience qu'on ne peut se fier à lui.

Apprenant de ses prédécesseurs le réalisateur ne laisse que peu de temps d’écran au « Patron » des enfers. Peu…mais c’est suffisant pour cerner ce personnage qu’on connait déjà tous et ça nous évite l’indigestion !

4) Lucifer de Tom Kapinos (2016)

nom de l'image

Au cours des années 2000, on remarque un nouvel engouement autour des êtres mythologiques et autres monstres. Vampires, sorcières et démons sont à la mode. C’est sans grand étonnement que l’on voit en 2016 apparaître une série entièrement consacrée au roi de toutes les créatures démoniaques : Lucifer.

Lassé de torturer des âmes corrompues en enfer, le Diable décide de prendre des vacances à Los Angeles, la ville de tous les vices. Gérant d’une boîte de nuit, il croise le chemin du détective Chloé Decker, une jeune femme qui semble étonnement immunisée à son charme animal. Ensemble, ils résoudront de nombreuses enquêtes avant que Lucifer ne parvienne à comprendre ce qui l’attire chez cette humaine a priori banale.

Le Diable revisité par Netflix est doté d’un humour sardonique et d’une répartie dantesque. Parfois plus humain que les humains eux-mêmes, ce dandy céleste semble plus sympathique qu’inquiétant. Mais ne vous laissez pas avoir ! Ce Lucifer enjôleur dissimule tant bien que mal sa part sombre et torturée… Jusqu’à ce qu’elle refasse surface et détruise tout sur son passage.




Au fil des années, le cinéma a contribué à l’humanisation du génie du mal. À présent, Lucifer nous inspire de l’empathie et même de la compassion. On veut connaître l’histoire de cet ange déchu, on s’attache à lui et on serait même tentés de lui pardonner ou pire… de succomber sciemment à ses charmes. La bête anthropomorphe et profondément mauvaise est bien loin.

À découvrir aussi : Créatures fantastiques : le vampire dans la littérature occidentale


Auteure : LSA

Créé le 07.01.2021 par Lauriane

Coups de coeur du mois Publi-information

Coups de coeur de la semaine Publi-information

Chargement en cours..