SIDA - Une lutte en image

Du 4 avril 2017 au 4 janvier 2018, Le Musée de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge revient sur plus de 30 ans de communication et de lutte contre de la pandémie de sida.

Le Musée International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (MICR) accueille sa nouvelle exposition temporaire « SIDA : une lutte en images », créée au Deutches Hygiene-Museum de Dresde (DHMD), dont le point de départ est une collection de quelques 10'000 affiches sur le sida détenues par ce dernier. Cette sélection d’affiches viennent s’ajouter à d’autres médiums tels que la photographie, les installations artistiques, et la vidéo.

Si ces campagnes de sensibilisation empruntent à tous les affects pour faire passer leur message, de l’alarmant au drôle, elles sont avant tout d’excellents révélateurs de l’état d’esprit des sociétés dans lesquelles elles se déploient, impliquant un rapport direct et frontal au domaine de l’intime, à travers le questionnement sur notre rapport au corps et à la sexualité.

Le parcours de l’exposition est d’ailleurs organisé en 5 espaces, comme autant de capsules temporelles témoins de l’évolution de la maladie et de sa perception par le public à différentes périodes données.

Espace 1 : La maladie des autres

Le 5 juin 1981, les autorités sanitaires américaines évoquent, dans un court article, une mycose et des pneumonies mystérieuses qui affecterait de jeunes hommes gays à Los Angeles. Le virus fait ses premiers pas, mais pour le public, cette maladie synonyme de mort reste circonscrite à une population faite d’homosexuels, prostituées et drogués. Ce sont les associations homosexuelles, non les autorités, qui seront à l’origine des premières campagnes de sensibilisation sur la maladie.

Espace 2 : Le silence est rompu

Juillet 1985, les premiers cas de sang contaminés font leur apparition, suscitant l’intérêt des médias. Les avancés sur la connaissance du virus : la découverte de l’agent pathogène du VIH de ses voies de transmission contraignent les autorités américaines à aborder des sujets qui touchent à l’intimité et à la sexualité. Les contenus des campagnes de prévention sont controversés. Face au mutisme et à l’inaction du gouvernement, le mouvement de protestation « Act Up » est créé en 1987 à New York.

Espace 3 : Le sida comme événement médiatique

Les années 90 sont celles qui vont donner un visage, une image au virus et à la maladie, avec la création du symbole du ruban rouge, des campagnes choc de Benetton ou du long métrage hollywoodien « Philadelphia », qui marqueront durablement la mémoire collective de toute une génération. Mais les frontières entre campagne de santé et campagne commerciale sont parfois floues, et la campagne de Benetton empruntant une photo de Therese Frare, parue dans Life Magazine, montrant David Kirby, militant anti-sida et porteur du virus alors en train de décéder de la maladie, déclenche la polémique.

Espace 4 : Le virus 

En 1983 une équipe de chercheurs français dirigée par Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi découvre le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) et ses moyens de transmission : sang contaminé, sperme, salive, sécrétions vaginales.
Fabrice Gygi, un artiste travaillant sur les thèmes de la manipulation, du contrôle et de l’oppression sera celui qui donnera une image, une identité au virus avec son œuvre Minoviras, mélange de mine sous-marine et de virus.

Espace 5 : vivre ensemble

1996 voit l’arrivée des premières thérapies combinées, la vision du virus évolue, les malades ne sont plus des mourants mais des personnes séropositives menant une vie quasiment normale. Et si en Afrique subsaharienne, certaines parties d’Asie, d’Europe de l’Est et de Russie restent très touchées par l’épidémie, elle devient de plus en plus invisible dans les pays industrialisés.

Mais certains n’abandonnent pas la lutte, comme le collectif d’artistes Visual AIDS, qui reste actif dans la lutte contre le sida, en encourageant le débat et en organisant de nombreux événements afin de sensibiliser le public sur le fait que le sida reste une maladie non guérissable.