Remise des Prix Robert Walser 2022

En 2022, la Fondation Robert Walser Biel/Bienne décerne à nouveau simultanément deux prix pour des premières œuvres en prose, l’une de langue française, l’autre de langue allemande.

En 2022, la Fondation Robert Walser Biel/Bienne décerne à nouveau simultanément deux prix pour des premières œuvres en prose, l’une de langue française, l’autre de langue allemande. Le montant du prix est de CHF 20’000pour chacune.

Les prix sont attribués à Rémi David pour Mourir avant que d’apparaître (ed. Gallimard août 2022) et à Magdalena Schrefel pour Brauchbare Menschen (Suhrkamp Verlag mars 2022). Rémi David, né en 1984, vit à Alençon (F). Magdalena Schrefel, née en 1984, vit à Berlin.

La cérémonie de remise des prix aura lieu le 23 septembre 2022 à 18 heures dans la salle Farel à Biel/Bienne.

Les motivations du jury pour Rémi David: Le jury a apprécié la fraîcheur et la fausse candeur de ce roman évoquant l’ambiguïté et l’âpreté des sentiments de Jean Genêt envers ceux qu’il conduisait au sacrifice afin de nourrir son inspiration. Fondé sur une rigoureuse démarche historique ainsi que des personnages incarnés et des dialogues d’une grande justesse, ce livre aborde la relation d’emprise qu’exerça Genêt sur Abdallah, son « Funambule » ; celle-ci est à rapprocher de l’intimité liant Marguerite Duras et Yann Andréa deux décenies plus tard.

Au-delà du portrait d’une époque, Mourir avant que d’apparaître interroge la nature vampirique de l’art ainsi que son besoin perpétuel de se renouveler dans le but ultime de façonner la réalité au détriment, parfois, des êtres qui l’habitent.

Le jury de langue française était composé de Malika Wagner (Montmorency, présidente), Aline Delacrétaz (Lausanne), Stéphane Dubois-dit-Bonclaude (Genève), Noëlle Revaz (Bienne) et Muriel Zeender Berset (Belfaux).

Les motivations du jury pour Magdalena Schrefel: Dans Brauchbare Menschen, Magdalena Schrefel présente douze

récits qui témoignent à la fois de ses compétences dramaturgiques et de son art de la narration pointue. Dans ses thèmes, elle se concentre sur le monde du travail et sur des aspects qui n’ont été que rarement traités en littérature depuis les impulsions sociologiques de la Nouvelle objectivité (Neue Sachlichkeit) des années 1920/30.

Qu’est-ce que le travail et qu’est-ce qu’il fait des êtres humains ? Sont-ils remplacés par des machines, voire réduits eux-mêmes à une existence de machine ? Que sont des personnes utiles ? Qu’en est-il des personnes mises à part, considérées comme non pleurables, sans nom, aux marges du monde du travail postmoderne ? L’image qu’elles se donnent elles-mêmes est mise en jeu, tout comme le sens et la structure du travail en général. Pour répondre à ces questions existentielles, Magdalena Schrefel développe des récits tantôt de profondeur allusive, tantôt de poésie obstinée, toujours surprenants, à la dramaturgie élégamment accélérée et aux motifs imbriqués. Cette autrice lie l’engagement politique et à une pleine confiance dans l’autonomie littéraire.

Le jury germanophone était composé de Stefan Humbel (Berne, président), Ina Brückel (Bâle), Dorothea Dieckmann (Vörstetten), Andreas Langenbacher (Berne), Camille Luscher (Lausanne).