Le Paradoxe de Georges
Yann Frisch
Les dix doigts de Yann Frisch ne tiennent que de simples morceaux de carton imprimés ; et pourtant, pas de doute, il s’agit bien de magie. Dans ses mains, les cartes dansent, volent, se transforment et disparaissent – on les retrouve ensuite dans les endroits les plus incongrus. Le magicien nous avoue malicieusement qu’il est un escroc et qu’il prend plaisir à nous observer en victimes volontaires de ses manipulations.
« Il pleut, mais je ne crois pas qu’il pleuve », a dit un jour le philosophe anglais Georges Edward Moore. Yann Frisch affiche cette pensée comme la devise de son nouveau spectacle. On a déjà vu le prestidigitateur, champion du monde de son art à 23 ans, disséminer le trouble à Meyrin avec Le Syndrome de Cassandre. Cette fois, le prodige pousse le bouchon encore plus loin. Il nous révèle le dessous des cartes. Il nous raconte comment un tour de magie se fabrique, se compose, s’écrit. Il tend un miroir à notre besoin de croire à l’incroyable tout en le jugeant impossible.
Pour cette mise à nu de nos contradictions, Yann Frisch a conçu un petit écrin spécialement adapté. Rien de compliqué : un camion dans lequel il a installé un salon vintage avec fauteuil club, lampes sur pied, gramophone, atmosphère jazzy et bouteille de whisky. Nous voilà comme en famille, le nez sur sa dextérité diabolique, l’oreille captée par un monologue fascinant et l’âme délicieusement prête à vivre un bouleversement intime.