Valérie Masson

"création non détachée"
Quelles histoires? Les siennes? Ou ce qui lui est le plus étranger? L'histoire mondiale de son âme? Mais c'est cette question elle-même qu'il faut interroger, une question tendancieuse, idéologique, qui présuppose un foyer personnel, un Moi originel, une instance souveraine. «Soyez vous-même, découvrez votre propre personnalité!»: c'est le slogan débile du néo-libéralisme. Le Moi est une imposture, il faut s'en affranchir. Il faut affronter ce vide central, ce trou noir métaphysique, ce hiatus implosif, que Valérie Masson conjure à sa manière, en enfantant à sa manière.
....il aura fallu à Valérie Masson une longue ascèse, et pas mal d'égarements, pour inventer son propre langage figuratif et pour parvenir à ce que Antonin Artaud appelait une «création non détachée».
(extrait Michel Thévoz)C’est une femme des plus sensibles, trop peut-être, pour supporter la dure rationalité du monde. Depuis son adolescence Valérie est squattée par des ombres, des démons, des voix, toutes sortes d’intrus, pas toujours bienveil- lants. La peinture est comme le balancier du fil de ferriste, il aide à traverser le vide. La création de Valérie est bien plus que cela une fois posée sur le papier, sur le carton, sur des carnets, c’est un cri des libertés, ce sont des appels, c’est la mise en forme d’un puzzle intérieur qui bout.