Incises ...
Création sans point final Un piano, puis trois pianos avec escorte de harpes et de percussions, puis retour au piano seul. Un cheminement sur huit ans, offert par un Pierre Boulez qui retrouve le clavier après une absence de près de quarante ans...
La modernité ne se lit pas seulement dans l’évolution du langage musical, mais également dans le changement de rapport du compositeur à l’acte créatif. Quand Jean-Sébastien Bach écrit une cantate, il suit un cahier des charges précis fixé par son employeur : à chaque dimanche son œuvre nouvelle pour habiller le culte. Quand Pierre Boulez met Incises sur le métier en1994, il répond d’abord à son aspiration d’artiste, qui n’hésite pas, même au moment de sa présentation publique – à Milan lors du concours Umberto Micheli où elle est pièce imposée –, à la considérer comme «ouverte» à des développements futurs – une ouverture qui n’est pas un phénomène nouveau puisqu’on la rencontre déjà chez Wagner et Mahler. Ces développements surviennent deux ans plus tard déjà avec la composition de Sur incises, une pièce beaucoup plus vaste bâtie à la manière d’un commentaire sur l’œuvre «originale». Le piano y est multiplié par trois: trois instruments escortés chacun d’une harpe et de percussions et qui se renvoient le son à la manière d’une joute triangulaire. 2001. Retour au piano seul et à Incises. Nouveau point d’orgue. Qui devient point final avec la disparition de Pierre Boulez le 5 janvier 2016.