Rêveries après la douche. Vernissages 25 août de 16 heures à 20 heures et 26 août de 14 heures à 18 heures

Photos de fonds de douche. Exposition du 25 août au 23 septembre

J'espère cette expo joyeuse, comme l'a été la dynamique créative pendant ce travail

photographique !

Si l'on m'avait dit il y a une année que je prendrais des photos du fond de ma douche

et que je les exposerais, j'aurais ouvert de grands yeux. La photo ne fait normalement

pas partie de mes explorations artistiques. Mon truc, c'est le papier, végétal ou

mâché, mis en forme tridimensionnelle. Mon amour pour le papier rencontre une

autre passion, les cartes de géographie et les images satellites. Ces derniers temps,

mes recherches et expérimentations portaient sur la tentative de reproduire en

papier les reliefs terrestres façonnés par le temps et les éléments.

Le hasard s'est un jour invité au fond de ma douche pour y faire apparaître

d'étonnants reliefs, l'eau se frayant un chemin à travers du marc de café et des

poudres de plantes utilisées comme shampoing... L'émerveillement de voir se former

des rivières chaque jour différentes ! Pour retenir ces paysages éphémères, je les ai

photographiés. Puis est venue l'idée de retoucher numériquement les photos, en noir

et blanc et en couleurs. Et là, c'est tout un univers qui s'est révélé, ou plutôt de

nombreux univers, inattendus. Devant ces images colorées, je réalisais que l'on

quittait le fond de la douche, on s'élevait on ne sait où, on se mettait à rêver. Un jeu

se créait entre rêve et réalité, l'esprit oscillant entre les projections imaginaires et la

réalité concrète de l'écoulement de la douche, bien visible toujours (ou presque) en

haut à gauche. En haut à gauche, c'est mon repère, mon Nord à moi, comme sur une

carte de géographie.

J'ai pensé à mes patients, aux multiples interprétations possibles des rêves qu'il me

racontent, comme sont aussi multiples et personnelles les interprétations des images

proposées. J'ai pensé à d'autres patients qui s'élèvent trop haut, perdent leur ancrage

à la réalité et qu'il faut doucement ramener au concret du réel, comme le fait

l'écoulement visible dans les photos qui, après la rêverie, nous rappelle qu'il s'agit

juste du fond d'une douche.

L'idée d'exposer est venue quand ma mère, qui regardait les images sur l'écran de

mon téléphone, a dit qu'elle aimerait les voir en grand, et quand ma fille cadette a

exprimé en voyant une des photos « ça fait du bien à l'âme ». Si ça fait du bien à

certaines âmes, et ceci sans médicament, la psychiatre que je suis ne peut

qu'accepter de montrer ces drôles de photos, non ?

Véronique Jeanneret

psychiatre-psychothérapeute

et apprentie artiste pendant ses loisirs