L'Expo qui tue

On dit souvent que les pionniers arrivent trop tôt. Mais certains laissent des traces que l’histoire finit par reconnaître. C’est le cas de « Le Cri qui tue », une revue hors norme née dans le canton de Vaud à la fin des années 70
De 1978 à 1981, six numéros voient le jour, chacun plus audacieux que le précédent. À une époque où le manga est encore largement méconnu dans le monde francophone, cette publication devient la toute première à lui être entièrement dédiée. Véritable ovni éditorial, elle ouvre une porte restée longtemps fermée, anticipant de plus d'une décennie l'engouement pour la bande dessinée japonaise en Europe.
L’exposition consacrée à cette revue pionnière permet de replonger dans cette aventure éditoriale exceptionnelle. On y découvre le travail du duo de bédéastes Véronik Frossard et Sylvain Brossard, mais aussi la vision de Motoichi « Atoss » Takemoto, l’instigateur du projet. Arrivé du Japon avec la volonté farouche de faire découvrir les mangas au public suisse et francophone, il trouve un allié en Rolf Kesselring, éditeur vaudois ouvert à l’expérimentation. Ensemble, ils imaginent une publication à contre-courant, à la fois passionnée, artisanale et avant-gardiste.
Portée par les commissaires David Javet et Myriam Jouhar, cette exposition rend hommage à un acte de foi artistique, à une forme d’insolence créative qui a marqué son temps. En parallèle, le Centre BD propose aussi MANGAFIL : une aventure éditoriale en francophonie, du 5 au 18 mai 2025, dans le cadre de BDFIL.
Deux manières de célébrer la mémoire d’une époque où croire en la bande dessinée japonaise relevait encore de la pure intuition.