Le Père

Attention : spectacle rare.

Réunissant sur le plateau une distribution superbe, dont l’acteur exceptionnel Armen Godel, témoin sensible d’un demi-siècle des planches romandes, le metteur en scène genevois Pietro Musillo orchestre avec maestria et drôlerie la valse douce-amère de la vie d’une famille bousculée par la maladie d’Alzheimer.

Florian Zeller est un auteur à succès, connu pour sa trilogie familiale (La Mère, Le Père, Le Fils) et pour les prix qu’il a accumulés : un Interallié en littérature, un Molière au théâtre, et récemment, un double Oscar pour la version filmée de sa pièce Le Père avec Anthony Hopkins. Mais homme de théâtre avant tout, il n’a pas son pareil pour faire apparaître les failles humaines, physiques ou émotionnelles, et mettre en jeu les drames qui en découlent. Ici, c’est toute une famille qui se heurte aux murs d’incompréhensions et de quiproquos qu’une maladie dégénérative érige au quotidien.

Sans pathos, un sourire aux lèvres, les larmes au bord des yeux, on assiste au naufrage irrémédiable d’un homme en bagarre contre son destin. Il nous entraîne dans son combat, et dans la foule de personnages qui l’entourent, nous ne sommes nous-mêmes plus certain·es de comprendre qui ils sont vraiment... On rit à ce spectacle aux frontières de l’étrange, on est pris de vertige dans ce saut joyeusement désespéré aux confins de notre finitude, et on est bouleversé par notre irrépressible envie de sauver le monde.