Così fan tutte
Ainsi font-elles vraiment toutes?
Lorsqu’il met sur le métier un premier ouvrage avec le « poète impérial » Lorenzo da Ponte à l’automne 1785, cela fait trois ans que Mozart n’a plus touché à l’opéra. Leur première association sur Le nozze di Figaro est un triomphe immédiat, au point que l’empereur d’Autriche en personne, qui a adoré, en réclame davantage. En 1789, il leur commande un nouvel opéra bouffe, dont il impose lui-même le sujet : la transposition sur scène d’une histoire (réelle) dont tout le monde parle à Vienne – celle de deux officiers qui, en poste à Trieste, auraient… échangé leurs épouses ! Ce sera Così fan tutte. Mozart comme Da Ponte se surpassent. Vénitien au fait des sentiers les plus tortueux de l’amour et, plus généralement, de toute la gamme des subtilités émotionnelles de la nature humaine, le poète livre une épure dans laquelle l’équivoque et le second degré s’en donnent à cœur joie, dans la plus pure tradition buffa. Parfaitement en phase avec ces différents niveaux de langage et de compréhension, Mozart se laisse idéalement porter par l’intrigue, livrant une partition virtuose dans le niveau de raffinement des combinaisons qu’elle propose – duos, ensembles, et jusqu’à l’utilisation de l’orchestre lui-même pour corser le tout de sous-entendus. Et tout cela en à peine un mois !