Sinfonietta de Lausanne Saison 2017–18
Une invitation au voyage. Dans son célèbre poème, Baudelaire invite sa bien-aimée à le suivre dans un pays idéal. Mais «l’invitation au voyage», n’est-ce pas davantage le mouvement que le but, le départ que l’arrivée? ...
N’est-ce pas ce changement d’air si nécessaire pour pouvoir ensuite se retrouver?
Telle est l’invitation que vous fait, saison après saison, le Sinfonietta de Lausanne: invitation à redécouvrir de grandes pages du répertoire, comme la Tragique de Schubert ou la Pastorale de Beethoven, mais aussi à défricher des terres plus rares, mais ô combien accueillantes, quand on fait l’effort d’aller s’y promener. Elles jalonnent tous les programmes, du terroir auvergnat de Chabrier aux danses torrides de l’Espagne redessinées par de Falla pour son Tricorne, en passant par les vieux livres de tablatures pour luth que dépoussière l’Italien Respighi en pleine Première Guerre mondiale. Et que dire des baguettes qui voguent d’un invité à l’autre? De Forés Veses l’Espagnol basé en Auvergne à Takács-Nagy le Hongrois installé en Suisse, en passant par Guschlbauer le Viennois électron libre, Reiland le Belge entre Luxembourg et Saint-Etienne, Meyer le Français qui fait mouche en Asie et Kawka l’autre Français œuvrant sous le soleil de Toscane...
Résisterez-vous à l’appel ou resterez- vous enfermé là où «tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté»?
Concert 1 / David Reiland, direction / Bruckner, Symphonie n°6 en la majeur - Cathédrale de Lausanne
Salle Principale
1005 Lausanne
Anton Bruckner
Symphonie n°6 en la majeur
David Reiland
Direction
Anton Bruckner n’a pas le choix: le Créateur lui parle à travers les beautés du monde, il lui faut, en retour, en témoigner au plus grand nombre en exploitant ses dons de musicien. Son langage d’élection est celui de la messe et de la symphonie; son expression, la fusion subtile entre une sensibilité très originale et les héritages beethovénien et schubertien. La Sixième symphonie est un bel exemple du caractère unique que le compositeur autrichien parvient à insuffler à chacune de ses œuvres. Elle est l’une des seules à n’avoir jamais été retouchée, comme si Bruckner avait enfin gagné cette confiance qui, jusqu’ici, lui manquait si cruellement. Il semble le revendiquer en la baptisant Die Keckste («la plus hardie» ou «effrontée»), ce qui chez lui se traduit par une affirmation sans concession des aspirations spirituelles les plus profondes. La louange à Dieu porte littéralement la symphonie – lumineuse dans le premier mouvement, plus intérieure dans les deux suivants, elle se fait triomphale dans le «la» majeur final: autant de jaillissements de l’esprit nourris des improvisations qu’il réalise en amont sur les grandes orgues de Linz.