Sinfonietta de Lausanne Saison 2017–18
Une invitation au voyage. Dans son célèbre poème, Baudelaire invite sa bien-aimée à le suivre dans un pays idéal. Mais «l’invitation au voyage», n’est-ce pas davantage le mouvement que le but, le départ que l’arrivée? ...
N’est-ce pas ce changement d’air si nécessaire pour pouvoir ensuite se retrouver?
Telle est l’invitation que vous fait, saison après saison, le Sinfonietta de Lausanne: invitation à redécouvrir de grandes pages du répertoire, comme la Tragique de Schubert ou la Pastorale de Beethoven, mais aussi à défricher des terres plus rares, mais ô combien accueillantes, quand on fait l’effort d’aller s’y promener. Elles jalonnent tous les programmes, du terroir auvergnat de Chabrier aux danses torrides de l’Espagne redessinées par de Falla pour son Tricorne, en passant par les vieux livres de tablatures pour luth que dépoussière l’Italien Respighi en pleine Première Guerre mondiale. Et que dire des baguettes qui voguent d’un invité à l’autre? De Forés Veses l’Espagnol basé en Auvergne à Takács-Nagy le Hongrois installé en Suisse, en passant par Guschlbauer le Viennois électron libre, Reiland le Belge entre Luxembourg et Saint-Etienne, Meyer le Français qui fait mouche en Asie et Kawka l’autre Français œuvrant sous le soleil de Toscane...
Résisterez-vous à l’appel ou resterez- vous enfermé là où «tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté»?
Concert 3 / Paul Meyer, direction / Dvořák, Schubert - Casino de Montbenon
Salle Principale
Allée Ernest-Ansermet 3 1003 Lausanne
1003 Lausanne
Antonín Dvořák
Légendes, op. 59
Franz Schubert
Symphonie n°4 en ut mineur, «Tragique»
Paul Meyer
Direction
Chercher et chercher encore. Schubert le «Wanderer», archétype du poète romantique en quête de son destin dans la forêt mystérieuse de la vie, n’a que dix-neuf ans à l’heure de sa Symphonie Tragique. Il étudie encore au Stadtkonvikt de Vienne, mais quels accomplissements déjà! Au contraire du Lied, où il marche dans des steppes plus sauvages, la forme symphonique lui résiste davantage, «hantée» par l’héritage des grands classiques à peine disparus. Alors il expérimente et se laisse en même temps porter par les pas de son inspiration, comme il l’écrit à cette époque dans son journal: «L’homme ressemble à une balle avec laquelle jouent le hasard et la passion.» Un fatalisme tragique que l’on ne retrouve pas un demi-siècle plus tard chez Dvořák; du mystère, par contre, en abondance: celui du récit dont il ne nous livre les clés et que l’on sent couler sous les portées de ses dix Légendes... À nous de les chercher au fond de notre imagination! Mystère que l’on embrasse bien volontiers tant l’inspiration est délicieuse – une constante chez le compositeur morave.